Malgré les vociférations du maire écologiste de Bordeaux, plusieurs signaux positifs sont à noter dans le dossier de la LGV Bordeaux-Toulouse à commencer par la mission de préfiguration de la société de financement confiée au préfet Etienne Guyot par le premier ministre à l’automne.
C’est une étape importante que vient de franchir la LGV Sud-Ouest. En effet, le Premier ministre a adressé en septembre dernier une lettre de mission au préfet de la région Occitanie pour coordonner le projet de LGV Bordeaux-Toulouse et assurer sa mise en œuvre.
Une avancée significative qui initie la création de l’établissement public qui élaborera le plan complet de financement de la LGV. Si en avril dernier, Jean Castex avait annoncé l’engagement de l’Etat dans ce dossier à hauteur de 4,1 milliards d’euros, il reste à concrétiser le tour de table complet qui permettra de financer l’arrivée du TGV à Toulouse.
Dans une interview accordée à la Dépêche du Midi le 14 septembre dernier le préfet Guyot précisait : » Sur GPSO, l’objectif est de boucler le plan de financement avec toutes les collectivités. Nous devons mettre sur les rails une société de projet qui sera un établissement public local chargé de recueillir les financements des collectivités territoriales et gérer les éventuels instruments fiscaux. (…) Le calendrier est très resserré : le but est de boucler le plan de financement et de créer la société de financement d’ici avril 2022. Je peux vous dire qu’on accélère. » (lire l’interview de la Dépêche du Midi)
Le financement se précise
Ce qui est certain, c’est que l’État y participera à hauteur de 40% avec ses quatre milliards d’euros, les collectivités locales à 40% et l’Union Européenne à 20%. Il faut donc désormais mener les discussions avec les collectivités pour garantir leur participation puis coordonner l’élaboration du plan de financement, matérialisant la participation attendue de l’Europe, les engagements de l’État et ceux des collectivités.
L’annonce officielle par l’Etat de la création de cette société publique de financement était réclamée par les collectivités depuis longtemps mais également par Jean Louis Chauzy, le président d’Eurosud TEAM qui a œuvré sans relâche pour que ce projet soit maintenu dans les priorités nationales, puis soit intégré dans les corridors prioritaires européens mais aussi pour que – comme il l’a souvent expliqué – « le modèle juridico financier de la Société du Grand Paris soit adapté et accessible aux collectivités qui le souhaitent pour accélérer la réalisation de certains grands projets d’intérêt général « .
Le dossier avance donc. D’ailleurs Le 14 octobre 2021, Toulouse Métropole a confirmé sa participation au financement de la Ligne à Grande Vitesse Bordeaux-Toulouse. Elle s’est engagé à verser 616 millions d’euros pour réaliser le projet GPSO (Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest qui comprend Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax). De son côté la Région Occitanie, elle s’est engagée à verser 1,2 milliard d’euros, 747 millions d’euros pour le département de Haute-Garonne.
Egoïsme écologiste du Maire de Bordeaux
Si le projet de LGV, et son financement, est désormais porté unanimement par les collectivités locales occitanes, il n’en est pas de même du côté de la capitale d’Aquitaine. La voix dissonante et étonnante du maire EELV de Bordeaux s’est faite entendre fin octobre. Un buzz médiatique orchestré par Pierre Hurmic lui-même qui a recommandé de « tout mettre en œuvre pour arrêter ce projet insensé » de la ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) au sud de sa ville (vers Toulouse et Dax).
Levée de bouclier des élus du Grand Sud-Ouest
Une prise de position surprenante et loin de faire l’unanimité notamment au sein de la métropole bordelaise (majorité PS/EELV) où Monsieur Hurmic, premier vice-président, et Alain Anziani (PS), président, sont en désaccord sur la destination de 320 millions d’euros devant financer les « aménagement ferroviaires du sud de Bordeaux » (environ 10 km). L’écologiste refuse catégoriquement qu’ils servent à la LGV. « Les écologistes ne veulent pas d’avion. Maintenant ils ne veulent pas de train. Qu’est-ce qu’ils veulent ? De la voiture ? Est-ce que c’est ça le rêve d’un écologiste ? Plus de voitures et du fret sur des camions plutôt que sur des trains ? « , ironisait récemment Monsieur Anziani.
Quant à Alain Rousset, Président de la Région Nouvelle-Aquitaine, il s’interroge « Est-ce que le choix, surtout sur le plan écologique, ce n’est pas le bilan carbone global ? Il y a une logique écologique à faire cette deuxième ligne ferroviaire (…) et permettre de faire baisser cette ligne de pollution (si situant au niveau de l’ex N10), la partie la plus polluée en micro particules… » « Est-ce qu’on peut à la fois être contre la voiture, contre les camions, contre l’avion et contre le train ? Il y a quelque chose que je ne comprends pas chez les écologistes… »
Côté Occitan, dans un édito publié par La Gazette du Midi (à lire dans son intégralité ici : https://gazette-du-midi.fr/edito/opinions/l-ecologie-nombriliste-du-maire-de-bordeaux-enclave-nos-territoires) Jean-Louis Chauzy, le président d’Eurosud TEAM dénonce des « postures politiciennes » et « l’écologie nombriliste du maire de Bordeaux qui entrave nos territoires ». » Comme si nous pouvions nous le permettre ! Nous qui sommes les derniers territoires français à ne pas disposer de la grande vitesse ferroviaire qui a démontré sa pertinence partout ailleurs. Renoncer à ce projet fait de Bordeaux un cul-de-sac et finalement le seul bénéficiaire du TGV au détriment de l’Aquitaine et de ses voisins. Cela ferme également la porte aux interconnexions vers l’Espagne et compromet le développement du fret ferroviaire et des trains du quotidien. Non, la LGV Bordeaux-Toulouse n’est pas un « désastre écologique », le seul désastre c’est le maire de Bordeaux dont les affirmations reflètent la méconnaissance des bénéfices d’une nouvelle infrastructure ferroviaire au regard des enjeux du fret qui n’ont pas été suffisamment abordés. »
Carole Delga la Présidente de la Région Occitanie s’est, elle aussi, insurgée : « Je rappelle que je représente 60% de la population française qui est à plus de 4h de Paris. Alors je dis clairement, stop aux petits égoïsmes locaux (…) aujourd’hui, nous devons être en responsabilité. La France, elle doit être solidaire. Les autres collectivités locales doivent être solidaires des autres habitants de l’Occitanie (…) Je me suis entretenue avec le président de la Métropole de Bordeaux, il est favorable à la LGV. C’est donc la position d’un maire qui est minoritaire ».
Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, s’est dit scandalisé par les propos du maire de Bordeaux, rappelant que Toulouse a payé en 2017 pour le tronçon Bordeaux-Tours. Il aimerait un peu plus de solidarité de la part de la ville de Bordeaux en retour « Les propos du maire de Bordeaux tiennent d’un combat d’arrière-garde », estime Jean-Luc Moudenc.
A ce stade il est important de rappeler par ailleurs qu’Alain Rousset, le président de la Région Aquitaine a plusieurs fois rappelé que « l’Aquitaine a un devoir moral envers l’Occitanie » puisque notre région a financé la LGV entre Tours et Bordeaux à hauteur de 300 millions d’euros.
Une taxe additionnelle pour financer la LGV Bordeaux-Toulouse
Mais depuis cet épisode bordelais, alors que l’examen du budget à l’Assemblée touchait à sa fin, les députés ont adopté, le 12 novembre, un amendement du gouvernement instaurant une taxe spéciale d’équipement pour financer les lignes à grande vitesse du Grand projet du Sud-Ouest (GPSO). Une taxe qui doit rapporter environ 24 millions d’euros par an, auxquels s’ajoutera le produit d’une taxe sur les locaux à usage de bureaux qui sera créée « dans un prochain texte financier ».
« C’est un pas de plus qui confirme la volonté d’aboutir conformément à tout ce qui a été mis en œuvre depuis la LOM. C’est en cohérence avec notre démarche depuis 2016 » a commenté Jean Louis Chauzy, le président d’Eurosud TEAM.
Par ailleurs (comme rapporté par le web media, Contexte), dès la mi-octobre, lors de l’examen de la partie recettes du PLF 2022, les députés avaient adopté un amendement du groupe LRM qui définit le calendrier de suppression de deux taxes spécifiques sur la grande vitesse, en conformité avec les annonces gouvernementales. La contribution de solidarité territoriale (CST) est ainsi supprimée en 2022 et la taxe sur le résultat des entreprises ferroviaires (Tref), en 2023.
A ce jour, l’optimisme et le travail restent donc de rigueur d’autant que le Premier ministre a parlé de 2024 comme date de début des travaux de la LGV Bordeaux-Toulouse. En 2030, Toulouse ne sera plus qu’à 3h20 de Paris en TGV, n’en déplaise à ses détracteurs !