Loi Climat et Résilience : Encore un combat pour le fret ferroviaire !

Dans un courrier daté du 19 mars 2021 aux députés français, les acteurs du fret ferroviaire, regroupés au sein de l’Alliance 4F, se sont inquiétés de l’oubli du secteur dans le projet de Loi Climat et Résilience, alors que la convention citoyenne avait entériné l’objectif de doubler la part du rail dans le transport de marchandise d’ici 2030.

« Toutes les entreprises ferroviaires, les acteurs du transport combiné, chargeurs et logisticiens qui font œuvre commune pour éviter un décrochage rédhibitoire par rapport aux pays européens performants vous sollicitent pour donner un cadre législatif à la hauteur des enjeux (…) Nous vous demandons notamment de faire du doublement de la part modale du fret ferroviaire un objectif national, porté par cette loi qui vise la conciliation de l’écologie et de l’économie. ». L’alliance 4F qui dans ce courrier demande également « l’obligation de procéder à des études pour connecter les zones d’activités économiques au réseau ferré ».

Une préoccupation partagée par de nombreux parlementaires, comme l’illustre la tribune signée par 22 d’entre eux sur le site d’information européenne EURACTIV le 30 mars 2021 (lien vers l’article) :
« La loi Climat et Résilience affronte ce qui sera le grand défi du 21ème siècle : la réconciliation de l’homme et de la planète (…) il faut (…) une vision politique et sociétale de l’économie verte de demain (…) Le projet de loi aborde peu cet enjeu, pourtant essentiel. La loi est muette sur la double performance, énergétique et écologique, du fret ferroviaire, peu consommateur d’énergie et adaptable à toutes les énergies propres. L’empreinte CO2 du transport ferroviaire est 10 fois inférieure à celle du mode routier, il pollue 8 fois moins. Ces atouts sont accessibles sans délai, alors que le routier propre, au moins pour les longues distances, exigera plusieurs décennies de mise au point. »

Mais ces parlementaires vont plus loin en expliquant dans cette tribune que la valorisation de la performance du rail ne se fera pas contre la route, mais par le développement de l’intermodalité rail/route, bénéficiant à un transport routier français relocalisé. Pour eux, il est donc important de s’assurer que les projets d’implantation de nouvelles plateformes logistiques de fret sur le territoire français permettent une connexion intermodale. « Actuellement, la situation du fret ferroviaire français, chuté à 9% de part de marché quand la moyenne européenne est à 18%, est alarmante. La France est en voie de devenir le maillon faible de l’Europe ferroviaire. Toutefois, une dynamique nouvelle est lancée, associant les acteurs ferroviaires, les chargeurs, les logisticiens (…). Nous devons accompagner ces démarches vertueuses et inscrire dans le projet de loi Climat et Résilience un objectif ambitieux et réaliste d’un retour à une part modale du fret ferroviaire à 18% à l’horizon 2030. En cautionnant cet objectif de doublement, la loi enverrait un signal politique fort, nécessaire. A l’inverse, son silence sur cet objectif ferroviaire national affaiblirait sa portée et serait un contre-signal aux marchés, à l’Europe, aux Régions, et à un secteur social sensible. »

Que ce projet de loi soit muet sur ces enjeux est bien la preuve, s’il en fallait encore une, que dans ce domaine il reste encore de nombreux combats à mener alors que l’année 2021 a été désignée « année européenne du rail » par le Parlement Européen et le Conseil.

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